LES POEMES
ET LES
CONTES


Dernière mise à jour: 03/01/2007

Les poêmes:
Le dernier voyage de la cagouille

Viens, je veux te saisir brûlant entre mes doigts
Avec les précieux égards que je te dois
Mon appétit robuste au voyage t'invite
Pour mieux fuir le regret du vignoble doré
Tu glisses vers ma panse ô invertébré
Et je crois que jamais tu n'as couru si vite

(Monselet)
Les escargots

C'est toi, cher escargot, que je veux célébrer
Mollusque délectable, honneur de la Bourgogne
Quand le four t'a doré, je le dis sans vergogne
Des capsules d'argent j'aime à te retirer.

Le beurre, un peu jaunet, te sied et c'est merveille
Que ton parfun discret d'ail et persil haché
On est de bonne humeur après t'avoir mâché
Et l'on trouve divin le fond de la bouteille.

(Gautron du Coudray)
La chanson du limaçon

Où vas-tu camarade?
Dans cette direction,
Voleur de mes salades
Demande-moi pardon.

D'une fierté sans bornes
Hardi comme un dragon
Il me tira les cornes
Et me répondit non

(Ernest Perochon)
Chanson des escargots qui vont à l'enterrement

A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes réssucitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voila le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l'oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vous couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent a chanter
A chanter a tue-tête
La vrai chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais la haut dans le ciel
La lune veille sur eux.

(Jacques Prévert)
Les escargots de Bourgogne

Escargot de notre Bourgogne,
Nous jurons tous de bien te protéger,
Afin de pouvoir sans vergogne,
A notre table, plus tard te déguster.

(?)
L'escargot

Sans ami comme sans famille
Ici-bas ivre en étranger;
Se retirer dans sa coquille
Au signal du moindre danger;
S'aimer d'une amitié sans bornes
De soi seul remplir sa maison

En sortir suivant la saison
Pour faire à son voisin les cornes...

(?)
L'escargot

D'argent cerclé d'azur, de veinules zébrées,
De noir, d'orange fauve et d'ambre clair tigrée,
Merveilleuse demeure où gîte l'escargot,
Sa fragile maison s'enroule sur son dos.

Parmi l'herbe jaunie où furtif il se glisse,
Et sur les tas croulants de sable où il se hisse,
Il laisse un trait d'argent lorsque, devant la nuit
Qui commence à tomber, le crépuscule fuit.

Il va droit son chemin, d'une antenne hésitante
S'obstinant gravement vers une herbe alléchante,
Se recroquivillant, quand un lapin surgit,
Ou lorsque près de lui quelque renard glapit.

L'Aube lui montre enfin une oasis de verdure;
Alors, bavant de joie, il mange sa pâture
Cerclé d'ambre et d'argent qu'un fond de bleu azure
Il perche en la ramée où la sève murmure!

(William Kian Seymour)
L'escargot
 
L'escargot rentre dans sa coquille
Il n'aime pas le soleil qui brille
Il préférait la pluie
Il s'y promenait sans soucis
 
L'escargot vient de se fiancer
Avec une timide dulcinée
Corps gluant et cornes grises
De sa coquille elle s'est éprise
 
Sous un plant de salade ils se sont cachés
Ont attendu, ont attendu la pluie tomber
Délicatement, les feuilles ont grignoté
Puis tendrement se sont aimés
 
Ils se sont mariés au printemps
Et ont déjà eu trois beaux enfants
C'est étonnant tant ils ressemblent à leurs parents
Coquilles brunes, et corps gluants.
 
                                        (L'escargot. Poème pour enfant, A. Service-Lavalo)
L'escargot et la chenille

Par habitude, par système
O vous qui courtisez ou repoussez autrui
Pour son habit, non pour lui-même,
C’est à vous que j’adresse une fable aujourd’hui.

Jadis vers l’Escargot se glissa la Chenille :
«  Bon jour, dit-elle, mon voisin,
Ou plutôt mon cousin,
Car tous deux nous rampons… -- Moi de votre famille !
Reprends maître Escargot ; Vraiment vous radotez.
Fi ! La vilaine créature !
Je ne vous connais pas, vielle folle ; partez ! »
Et la chenille part sans relever l’injure.

A quelque temps de la ; sur le gazon fleuri,
Un beau Papillon dont les ailes
Semblaient faire jaillir des milliers d’étincelles
Voltigeait, voltigeait … « Approches mon chéri,
Dit l ‘Escargot ; causons ensemble.
Qu’un lien fraternel à jamais nous rassemble.
-- Tais-toi, réponds l’insecte ; oh, de grâce, tais-toi
Lâche orgueilleux ! Ce qui te plaît en moi,
Je le sais trop, c’est mon aile qui brille ;
Car tu me repoussas impitoyablement
Lorsque j’étais encore une pauvre chenille. »

A ces mots disparut le papillon charmant,
Et l’escargot honteux rentra dans sa coquille.

(?)
Les contes:

L'Escargot et le Rosier
Conte d'Andersen

 
    Le jardin était entouré d'une haie de noisetiers et au-dehors s'étendaient des champs et des prés. Au milieu du jardin fleurissait un rosier, et sous le rosier vivait un escargot. Et qu'y avait-il dans l'escargot ? Eh bien, lui-même.
    - Attendez un peu que mon temps arrive ! disait-il. Je ferai des choses bien plus grandioses que de fleurir, porter des noisettes ou donner du lait comme des vaches et des moutons.
    - A vrai dire, j'attends de vous de grandes choses, approuva le rosier. Mais puis-je vous demander quand les ferez-vous ?
    - Je prends mon temps, répondit l'escargot. Vous êtes toujours si pressé. Attendre est plus excitant.
    Un an plus tard, l'escargot était presque au même endroit sous le rosier et se réchauffait au soleil. Le rosier eut beaucoup de boutons cette année-là, qui devinrent des fleurs toujours fraîches et toujours nouvelles. L'escargot s'avança.
    - Tout est exactement comme l'année dernière. Aucun progrès nulle part. Le rosier a toujours ses roses, cela ne va pas plus loin.
    L'été passa, l'automne aussi et le rosier avait toujours ses boutons et ses fleurs et il en eut j'usqu'à la première neige. Le temps devient froid et pluvieux. Le rosier se pencha et l'escargot se cacha sous la terre. Puis, une nouvelle année commença et réapparurent et les petites roses et l'escargot.
    - Vous êtes déjà vieux, Monsieur le rosier, dit-il, vous devrez bientôt penser à dépérir. Vous avez déjà donné au monde tout ce que vous pouviez. Que cela ait servi à quelque chose est une autre question, je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir. Mais il est évident que vous n'avez rien fait du tout pour votre épanouissement personnel sans quoi vous auriez produit bien mieux que cela. Vous mourrez bientôt et vous ne serez plus que branches nues.
    - Vous m'effrayez, dit le rosier. Je n'y ai jamais réfléchi.
    - Evidemment, vous ne vous livrez jamais à la réflexion. N'avez-vous jamais essayé de comprendre pourquoi vous fleurissiez et comment seulement cela se produit ? Pourquoi cela se passe ainsi et pas autrement ?
    - Non, répondit le rosier. Je fleurissais joyeusement, car je ne pouvais pas faire autrement. De la terre montait en moi une force, et une force me venait aussi d'en haut, je sentais un bonheur toujours neuf, toujours grand, et c'est pourquoi je devais toujours fleurir. C'était ma vie, je ne pouvais pas faire autrement.
    - Vous avez mené une vie bien facile, dit l'escargot.
    - En effet, tout m'a été donné, acquiesça le rosier, mais vous avez reçu encore bien davantage ! Vous êtes de ces natures qui réfléchissent et méditent et vous avez un grand talent qui, un jour, étonnera le monde.
    - Ce n'est absolument pas dans mes intentions, répondit l'escargot. Le monde ne m'intéresse pas. En quoi me concerne-t-il ? Je me suffis amplement.
    - Mais nous tous, ne devrions-nous pas donner aux autres le meilleur de nous- mêmes ? Apporter ce que nous pouvons ? Je sais, je ne donne que mes roses, mais vous ? Que donnez-vous au monde?
    - Ce que j'ai donné ? Ce que je lui donne ? Je crache sur le monde ! Il ne sert à rien ! Je me fiche de lui ! Vous, continuez à faire éclore vos roses, de toute façon vous ne savez pas mieux faire. Que le noisetier donne ses noisettes, les vaches et les brebis leur lait, ils ont tous leur public. Moi, je n'ai besoin que de moi.
    Et l'escargot rentra dans sa coquille et la referma sur lui.
    - C'est bien triste, regretta le rosier. Moi, j'ai beau faire, je ne peux pas rentrer en moi, il faut toujours que je forme des boutons et que je les fasse éclore. Les pétales tombent et le vent les emporte. J'ai vu pourtant une femme déposer une petite rose dans son missel, une autre de mes roses a trouvé sa place sur la poitrine d'une belle jeune fille et une autre reçut des baisers d'un enfant heureux. Cela m'a fait bien plaisir, un vrai bonheur. Voilà mes souvenirs, ma vie !
    Et le rosier continua à fleurir dans l'innocence et l'escargot à somnoler dans sa petite maison, car le monde ne le concernait pas.
    Des années et des décennies passèrent. L'escargot et le rosier devinrent poussière dans la poussière. Même la petite rose dans le missel se décomposa ... mais dans le jardin fleurirent de nouveaux rosiers et à leurs pieds grandirent de nouveaux escargots ; ils se recroquevillaient toujours dans leurs maisons et ils crachaient ... le monde ne les concernait pas. Allons-nous relire cette histoire une nouvelle fois ? ... Elle ne sera pas différente.